vendredi 11 février 2022, ré-édité samedi 6 septembre 2025

Proprioception Sociale

« Ils font partie de l’organigramme » (la manière de décrire/percevoir l’organisation d’une entité)

Minos

Un corps social a besoin d’étrangers – d’interaction avec ceux qui font acte de miroir sur son intimité – d'une autre paire d’yeux. Cela donne de la perspective.

Humano-industrialisme

L’homme pense créer et manier la machine, qu’il lance et il lâche – c’est la soumission à l'industriel. Mais sur le dos de chaque projet industriel s’accrochent des femmes et des hommes, avec leurs valeurs. De la fusion de ce mixte naît un être multiloculaire, dont l’homme et sa culture, la machine et sa performance sont les principaux composants.

Préconisations

– Binomie systémique – « deux Parfaits » – référant à la coutume « Cathare » d’une femme et un homme (ou deux hommes, deux femmes, deux êtres humains) qui s’accompagnent en apportant leurs savoirs (tisserands, médecins, sources de grâce spirituelle, etc.) à ceux qui le veulent bien. Cette forme à minima binaire a l’avantage de permettre l’encadrement social à tout acte social – il y aura toujours au moins trois personnes en contact dans l’échange. De ce fait, la transmission de savoirs est plus assurée, la boule de neige de cette transmission sociale peut exister parce qu’il y a « encadrement social », au sens purement mathématique !

– Accueil ≠ assimilation à un corps social statique – une « attitude » d’accueil est celle de créer de l’infrastructure à bénéfice de l’autre en voyant son intégration et même sa simple présence comme un bienfait « utile », qu’elle soit transitoire ou non.

– Il s’ensuit qu’il y a besoin de lieux de stockage, d’être nourris-logés de manière non-aléatoire, prévisible. La logistique à taille unique et sur-humaine (la vie en conteneur !) a l’effet d’éliminer tout autre mode de stockage, de « statifier » et figer les mouvements.

– Ces « motels » de la Transition, sans essence, permettent d’établir un équilibre dynamique. La vie menée dynamiquement – la vie légère en mouvement devient ainsi faisable. L’égalité de dignité, qui est la précondition du « commerce équitable » entre les humains, est réalisée grâce à l’équilibre de droits et de devoirs accordés entre les parties. Un commerce vraiment équitable s’oppose nettement à la précarité.

menés comme du bétail par le nez

Ceux qui parlent de s’accommoder à « l’aménagement du territoire » industriel sont en train de non-dire, de crypter le mot « taille », de parler en creux de l'obligation du monde des humains de s'adapter à l'échelle des mammouths industriels. Lorsqu’ils parlent de l’agriculture, ou de l’agroforesterie, parlent-ils de l’acheminement des petites et des grandes machines agricoles, ou des balafres dans les coteaux créées par les machines qui extraient le bois, parlent-ils des autoroutes, des routes nationales et départementales qui strient le paysage, des « externalités » qui, vu l’ensemble de critères de cette agriculture/aménagement du territoire, forment l’épine dorsale du système « Wal-Mart » qui régit sur nos vies ?

C’est une monoculture – une taille pour tous – car cela mène au monopole – l’ubiquité du système absolutiste noie tout alternatif. La réussite industrielle de la multitude condamne toute force de proposition autre qu’elle-même à l’exclusion, mieux dite à la non-viabilité sociale.

Une société de « subventions à l’humain » est née. Tout « projet personnel », individuel, a besoin de son petit paquet d’argent d’état pour être considéré légitime et loyal. On gagne des « points de vie », de chômage rémunéré ou de droits à la retraite en se conformant aux règles de ce jeu – et ceci depuis bien avant les chinois et leurs systèmes de contrôle social. Il y a en réalité convergence systémique envers le contrôle social par la main-mise économique.

Si les « rentiers » du système veulent tant parler du salaire universel, c’est bien pour réconcilier leurs consciences au modèle dont ils bénéficient déjà, de manière différenciée. Un « vrai pauvre » pur jus se trouve systématiquement exclu, puisqu’il ne cherche qu’à travailler productivement pour justifier de sa présence sur terre, mais se trouve face à la concurrence de « bénévoles » - d’« entreprises personnelles » zombies, maintenues par la grâce de l’état. Dans un état néolibéral, sa condition ne change pas pour autant, il travaille en « wages slave » en fidèle servant de l'état industriel.

Son travail ne pourrait être reconnu comme ayant une valeur qu’en liaison avec autrui, mais tout au contraire il se trouve face à des phalanges de pré-nourris (par l’état) qui donnent bénévolement de leur travail, ainsi asséchant la mare de l'emploi, alors que lui, il doit « gagner » son pain quotidien, juste pour obtenir le droit à l’autonomie – le choix – de ses achats. Lui, il n’a droit qu’aux décisions des autres sur son sort, par les « instance sociales », tandis que des individus ayant acheté leur liberté peuvent eux-mêmes les déterminer.

Les plus démunis sont ceux qui refusent ou n'ont pas ce choix (contraint). Mieux dit, ils payent le prix de leur (auto)-exclusion appelée « sociale », en réalité économiquement modulée. On les suppose mendiants et on les nourrit comme les pigeons.

Polarisons – que personne ne bouge !

Analogue ≠ digital (numérique – les « digits » sont les doigts utilisés pour compter, donc les nombres, en anglais)

dynamique (flux) ≠ statique (sans flux)

La percée de la géométrie Euclidienne. Le point se détermine exclusivement par rapport aux alentours, il n’a lui-même ni rayon, ni centre, ni surface. Dans un état fixe, ces points (quanta) se rajoutent pour décrire des lignes, des surfaces et des volumes digitalement « calculables ».

Dans l’art de nos ancêtres lointains, nous nous étonnons du geste rupestre – engendrant un trait fluide et constant. Cette pensée dynamique n’est pas juste une pensée des flux ni une pensée des quanta sinon une pensée de la transmission/réception d’information « gaînée » (myélinisée) du mouvement, dans un « équilibre dynamique » entre la surface et la pensée, sous la lumière vacillante d'une flamme.

Ceci engendre un rapport constant « statique-dynamique » - qui donne à voir un trait sur un paroi de caverne peint par un observateur du mouvement, lui-même dans le geste. Il suit les troupeaux, il tente d’exprimer l’essence de l’articulation de l’animal en mouvement, sujet d’étude et d’inspiration, source de vie « image »-inative.

Analogue – une vague, une onde capte tout, même ce que l’on n’a pas cherché à ni voulu retenir. Le digital capte des « quanta » discrets, des objets censés faire du sens pour nous. Il nous les prédigère et il les « booste » - les augmente pour être sûr de bien les faire détecter (rapport son : bruit). Il élimine les « déchets » sonores. Un raisonnement « statiste » (de « statique » - qui ne bouge pas) part du centre (non-existant, pointillé) et y revient en boucle fermée. L’analogue, par contre, trace sa ligne, est en dialogue constant, est dans l’entre-nous. Notre « réalité somatique », nos « moments d’attention » (fps : 26 images par seconde), notre interface à la fois « digitale » et analogue en extrait le sens, tout en faisant elle-même partie de l’espace-temps, sans centre.

L’information « gaînée », comme notre système nerveux gainé, contraste en termes d’efficacité spécifique avec le rayonnement en micro-ondes des satellites, d’ordinateurs et d’objets connectés par le wifi et le bluetooth qui eux « occupent » un espace 3-dimensionnel, en tout volume, pour nous atteindre – beaucoup de dispersion de dépense énergétique pour peu d’effet conséquent, des lignes de force converties en bruit constant. Les câbles fibre-optiques et Ethernet (NIC) seraient, dans cette vision des choses, les équivalents de nos cellules nerveux myélinisées, plus efficients, plus capables de donner des signaux clairs à moindre dépense ou perte énergetique.

Le ciblage, l’économie du geste, la fluidité du mouvement s’expriment dans la ligne de l’art rupestre, ne pouvant naître que d’une vie dynamique, où les points sont toujours des pointes et les lignes sont toujours des flèches (des vecteurs de transmission) et où, de manière « animiste », à chaque objet est attribué une destinée, un point d’arrivée ou un croisement de chemins.

Une pensée donc de géométrie dynamique, non-Euclidéenne (on conçoit cette dernière comme étant à la fois statique et abstraite), qui fonctionne dans l’espace-temps, sans chercher à s’en accaparer, ni par l’espace, ni par le volume, sinon par la seule tracée vectorielle – l’interaction.

Dans ce monde les gens bougent par groupe multigénérationnel (granulaire, mésotique), ne se sédentarisent que pendant un temps, leur sol est un substrat d’interaction.

Ce qui échappe à l’analyse statistique

Le terroir et tous ses dérivés territoriaux ont leurs limites (qui seraient sinon détectés, dans un monde vectoriel, comme des lisières et des chemins). La monnaie locale basque (l’Eusko, première en Europe de par sa taille, 2021), comment s’échangerait-elle avec une autre monnaie locale (Béarnaise par exemple) aux limites de son territoire ? Il ne faut pas discriminer les franges, quand même, cela n'a aucun sens.

Tabouland

Les millions de nouveaux paysans, nécessaires dans la pensée faussement appelée écologique, comment se déplacent-ils et interagissent-ils ? Comment se calent les saisonniers en mouvement avec la paysannerie sédentaire ? Ils ne peuvent pas être considérés des externalités non-prises en compte territorialement, puisqu’ils en font partie intégrante et nécessaire, même au passage. Mais aujourd'hui ils sont téléportés en véhicule sur leur lieu de travail. Leur transport est une impensée, une externalité du système, qui ne figure qu'en coût assumé par eux-mêmes. Leurs salaires partent en gazole, leur temps libre en entretien mécanique. Ils s'appellent nomades alors qu'ils sont asservis aux machines qui bougent pour eux. Le tabou est systémique, le dernier rempart de l'auto-censure. Il ne reste que des gens véhiculés, des denrées véhiculés, des animaux véhculés en campagne.Sinon,on serait pauvres, n'est-ce pas ?

Rien de tout cela n’apparaît dans une approche statique et localiste, non pas parce que l’analyste en est inconscient, mais parce que la structure sémantique (système ou cadre logique articulé par des signes) est, par volonté ou par paresse intellectuelle, inadaptée à cette tâche. « Soyez en transit » (« évangile » de Thomas).

Or, la société à son intérieur peut se figurer en figue, où les « pétales » internes reproduisent la symétrie des inflorescences externes des autres fleurs, leurs ensemenceurs étant des petites guêpes prisonniers volontaires. Il n’y a jamais de croisement de chemins dans un univers pareil – leur univers parallèle est contenu, coupé, captif.

Notons que cette pensée imaginative structurelle devrait faire partie à part entière de la réflexion « scientifique », autant que toute autre solution « technique ». L'imagerie humaine n'est pas là comme rajout, clouée sur l'artifice des chiffres au dernier moment. Elle en est la source.