mercredi 21 / jeudi 22 septembre
2. comment on s'y prend
solutions immanentes
C’est dans l’air du temps. On n’a jamais eu de semaine si bourrée d’écologie que celle-ci, au moins sur la média d’état. On a même dit qu’il fallait plus de travail humain, même un peu pénible, et moins de travail de machines. On a parlé d’ascétisme et de sobriété. Le mainstream est en train d’occuper le terrain des perchés. L’écoféminisme milite contre la culture de la dominance – dans ses rangs. Le privé se nationalise, dans un climat de guerre outrancière. Tout paraît contenir un reflet climatique, écologique, y inclus le social. La reine de la modération et de l’auto-effacement est morte, vive le roi qui parle aux plantes!
Infrastructure, systèmes sobres – où va-t-on?
Ce que l’on entend aujourd’hui, c’est plein d’analyses et de critiques – les rapports du GIEC ne font que ça et cela stimule les autres à faire pareil.
Ce que l’on n’entend pas, ce sont ceux qui ont des propositions concrètes de systèmes alternatives.
Mais c’est bien de cela que ça traîte. Systèmes. Et, basé sur l’expérience, je sais pourquoi on ne les propose pas – parce que l’on sera mis au ban de la société. Des Amish – Macron n’a pas pu le dire plus clairement. Justement, nous pouvons tous devenir des Amishs, à notre guise.
Les exigences de performance, d’intégration sociale, d’une société de travailleurs, ce sont des ordonnances de conformisme – de conformité stricte. Ceux qui proposent des systèmes sobres, frugaux, réalistiques, d’adaptation, sont caractérisés de non-conformistes, de révolutionnaires, de déséquilibrés, d’inadaptifs. Et en réalité, ce ne sont que ces gens qui ont un marge de manoeuvre qui peuvent faire leurs choix de style de vie, qui parlent, incessamment, des bénéfices spirituels, etc. Les pauvres savent très bien que cela ne marchera pas comme ça pour eux. La bagnole, par contre, oui.
La rareté de vraies propositions systémiques, infrastructurelles, engendre une sorte de flou, où on parle de l’imposition de sobriété ou de son acceptance libre et démocratique. Mais quelle sobriété, quel modèle? Qui bouge quoi, comment ça marche?
Est-ce que ce ne sont que des voeux pieux, faits d’intelligentsia et d’alternatifs? N’est-ce pas que c’est parce qu’on est ignorant qu’il y a un manque de clarté sur le “comment faire”, qu’il n’y a que des théorie et des généralismes?
* * *
Le mardi 20 septembre 2022 à 21h sur France Culture il y a eu une émission sur l’urgence de l’enseignement sur l’écologie dans les Grandes Écoles et le manque d’enseignants. En fait il n’y a que ça, en ce moment. C’est un peu riche, pour ceux qui y ont consacré leurs vies de se trouver au centre du débat “sérieux” des gens qui comptent, sans encore qu’on les écoute, mais …
Toute l’élite font déjà courir le bruit, ils sont tous au courant de la fin du monde dans lequel on s’enlise, ce n’est que la majorité démocratique qui paraît ne rien y comprendre. Faut les éduquer, sauf que … ils veulent “agir” sur leur destin collectif, en plus. Comment faire (ils ont du mal à envisager ce qu’ils n’ont jamais expérimenté eux-mêmes).
Mais en fait, tout le monde, ou presque, comprend très bien qu’il n’y a toujours pas de propositions concrètes, pour eux – que des bullshit jobs et des impossibilités administratives de faire autrement que plus d’industriel. Même s’ils voulaient faire autrement. Sinon, on leur donnerait déjà des jardins, non, et des conditions de travail sans machine abordables? Il n’y a vraiment que très peu de signes que cela se passe comme ça, vraiment. L’inverse, plutôt, si on regarde le bilan.
Cela a été comme ça pendant tellement de temps, tellement de générations, qu’il faudrait vraiment d’autres dignitaires pour leur donner des leçons – puisque tous ceux qui sont en place sont les “succés” de ce monde dans lequel on vit. Par définition.
Tous sans exception, par définition – les scientifiques, les médecins, les politiciens, la média, le monde de la culture, les sportifs, les entrepreneurs, tous nos héros et nos héroïnes.
J’ai compris ça quand j’ai vu un film qui faisait bruit, vers 2012, d’un autrichien qui tout seul a remodelé plusieurs hectares de terrain aride et pentu dans une vallée de la montagne autrichienne, en petit paradis pisicole, plein d’arbres fruitiers. “Me voilà.” dit-il, “Vous voyez bien ce que j’ai fait, émulez moi!” Plein de bassins à usage agricole. Très efficace. 30 hectares, une seule personne. Impressionant.
C’est le bon vieil astuce de faire d’un riche et son style un leurre, une aspiration. Je la trouvais tragique.
Il a tout fait à la pelle mécanique et au tracteur, en fait. En fait, sans l’appui du mécanique, il n’y est pour rien, nulle part – c’est la machine qui fait le travail, en gros. Toute cette énergie – et les terres – coûtent de l’argent, beaucoup d’argent. Il en a. Son travail a une profile énergetique, en fossile, tellement néfaste que jamais dans une vie de travail il ne pourrait la compenser tout seul. Et pourtant, un travail de jardinier peut très bien alimenter un être humain.
Bon, à cette époque lointaine – 2012 – cela passait pour l’écologie. J’étais dégoûté. Ensuite ils ont décidé d’acheter avec les bénéfices de leur FestiZad, quelques 20,000 euros, dans un tracteur, pour être “autonomes” en production de fruits, légûmes, blé, …
En soi c’est une aspiration noble, si c’est sans tracteur. Mais acheter des machines industrielles pour faire le travail qu’on ne fait pas soi-même, en entretenant un paysage amènagé à l’usage taille industrielle, c’est quelque peu illogique. Qu’en est-il de l’entretien des haies, des sentiers et des accidents de terrain qui sont propices à la bio-diversité et la diversification d’habitat?
Ce n’est pas la présence des humains qui pose problème ici, c’est la présence et le passage de leurs engins, comme la voiture, le tracteur ou le camion, à haute vitesse. Un humain ou un vélo passe facilement sur un sentier d’un mètre de largeur, à basse vitesse. Le renforcement des routes, des ponts et chaussées, pour un usage de poids plus lourd, plus grand, … c’est vastément dépensier en énergie, un cycle infernal.
La plupart de nos “petites” routes de campagne font actuellement de 8 à 12, voire 15 mètres de largeur. Sans parler des routes plus grandes, les départementales, les nationales. Lorsqu’il y a endiguement systèmatique, les largeurs augmentent.
Mais la sobriété écologique implique cette logique – elle implique l’évolution d’une économie à poids léger, qui maximise l’emploi de l’effort et du travail humain, profitant de son faible poids, empreinte ou trace physique, mais surtout de sa capacité d’auto-organisation systémique.
Nous sommes très adaptables, nos systèmes politiques et sociales nous organisent. Le défi est donc dans ce sens d’auto-organisation. Quelle voie suivre pour survivre?
C’est bien un débat qu’il faut poursuivre, … un chemin à creuser, parce qu’il est bien là, devant nous.
* * *
Cette émission sur l’écologie de France Culture – don’t je parlais tout-à l’heure – a coutûme de se présenter de manière apparemment modérée – trop modérée. Modéré, cela veut dire, toujours en retard sur la vérité, pour des raisons de calcul politique et social de ce qu’il est faisable de dire.
À cette finalité de neutralité non-neutre, dans le non-dit, il arrive de se faire des invités qui le disent quand même. Dans ce sens, la fiction de la neutralité est entretenue.
Cela pose problème parce que cela renforce la perception que les voies innovatrices viennent des radicaux – voire des extrèmistes, des marginaux qu’il ne faut pas écouter. Bizarre, ils ont eu raison, avant tout le monde, ils ont été courageux, avant tout le monde, ne serait-il pas temps de leur donner un peu d’attention? Si ce n’était que pour sauver sa propre peau?
L’émission de ce mardi a pris ces concepts, les a édulcoré comme sujet la formation à l’action – dans les grandes écoles. Quelle ironie! Cela donnait le pretexte pour des clips d’étudiants radicaux qui parlaient de la nécessité de passer à l’acte. On a même invité un ex-étudiant de la Polytéchnique (fils et grand-fils de polytechniciens) à parler, live!
Il a choisi de vivre des expériences écologiques dans un village de Normandie. Il a sans doute un tracteur et de l’argent, on le sent.
On a parlé du besoin de relier acteurs et professeurs, mais il faut quand même reconnaître qu’à part les étudiants, il n’y a pas encore, à la média nationale, des têtes parlantes qui agissent vraiment.
collapsologie – c’est foutu – tragédie, pas de drame
mercredi 21 septembre 2022
Notes sur la Terre au Carré
Endiguement
Invité: Dominique Mehda
- Redistribution “équitable” – cette femme a du gravitas et elle débite
bien, comme un politicien, les éléments codés, les mots clés du
lexique économique.
mais moi je me contenterais déjà d’une distribution efficace pour ceux qui choissisent une vie frugale, à pied ou à vélo.
Cette infrastructure, de refuges de montagne publics, mais cette fois-ci pour d’autres fins, permet le déplacement aux gens relativement humbles, qui continuent d’exercer leurs libertés de base, de mouvement, d’association, de travail ou de partage, sans entrave.
Ce n’est pas le cas si l’infrastructure n’est adaptée qu’à la seule voiture d’abord, ou au seul poids lourds. C’est le cas actuellement, les nouvelles constructions d’habitat humain doivent, au-delà d’une certaine taille, être accessibles aux engins des Pompier, de plusieurs tonnes.
- “Prospérité” – pourquoi pas “(auto)-suffisance”, reprenant ainsi l’usage nouveau anglais d’“auto-sufficiency”?
- Investissement en rail, tramway (collectif donc, et avec le CoVid?)
- “circuits courts”
soyons spécifiques – quel rayon? Réalisable à vélo, à la marche – à vélo collectif? On ne peut pas louer les voyages lents sans aborder la logistique du voyage lent. Le voyage pour tous, riches et pauvres, les sobres que les ostentatoires.
- Moins de travail des machines, plus de travail humain.
- Plus de travailleurs dans le secteur de l’”agriculture”( pardonnez-moi, “jardinage” ).
Donc, selon elle, “1 million de plus d’agriculteurs” (quel terme vague, finalement)?
C’est plutôt habiter en immersion avec la nature de manière vivrière, bioproductive. D’ailleurs, si le terme “jardinage” a plus de sens, c’est qu’il y a toute la transformation saisonnière de produits à prendre en compte, qui évitent les achats, ou qui permettent l’échange de la production.
Rappelons-nous qu’un jardin se vit à proximité, est qu’il est réellement très productif, par hectare, plus que l’agriculture dans des champs, ou le seul élevage.
Trois jardins forestiers par hectare, 3000 mètres carrés chacun, de quoi nourrir plusieurs personnes, potentiellement. Le défi est technique – il nous faut nous réalimenter en main d’oeuvre humain formé.
Ne pourrait-on pas mieux dire si l’on parlait de plus d’habitat qui se vit en intégration avec le monde végétal et animal?
- “Emplois utiles, localisés, partagés”
- Là, je la suis totalement.Il s’ensuit logiquement qu’il faut accommoder la la présence d’une force de travail mobile. Le travail saisonnier est nécessaire à une économie paysanne rurale qui n’est pas basée sur les machines. Une infrastructure qui tient compte de la sobriété permet à des humains de voyager par leurs propres force, sans véhicule. Mais à présent, le cadre administratif punit les habitats innovateurs, à très bas coût énergétique, sinon les fait détruire.
- “Le PIB occulte (cf. Travail domestique), l’empreinte carbone, et de là …
- Une proposition de “compte carbone”, budget limité au-delà d’un seuil
- reconvertir – reconversion de compétences massive, partage de savoirs faire divers (étude co-commandée par Action Climat)
- Une société nouvelle (nouvelle structuration de la société)
Alain Pavé : Comprendre la Biodiversité 2019, p.279
“Dieu doit beaucoup à Bach.” d’après l’expression d’un certain Cioran “S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu”.
“Dieu ne joue pas aux dés” attribué à Einstein
“la vie doit beaucoup au hasard” (Pavé), et il continue: on peut même montrer que, sans hasard, pas d’évolution et même tout simplement pas de vie et, évidemment, pas de biodiversité.
Dieu serait peut-être le dé lui-même (Pavé)
L’exemple de: “[…] “systèmes dynamiques”, avec les équations différentielles, ordinaires et aux dérivées partielles, ainsi que les équations recurrentes afin de mieux représenter les mécanismes du vivant .
“Les quelques combinaisons qui ont résisté ont constitué les premières pièces du Lego de la vie puis, petit à petit sur le très long terme, l’édifice s’est construit et continue à le faire, largement à “coups d’essais et d’erreurs” pour constituer ce qu’on appelle la biosphère, avec toute sa diversité.”
Cela explique bien l’importance de la biodiversité, elle prend son temps. Elle s’accumule et elle s’organise. Comme nous, qui sommes tout juste en train de définir notre cahier de charges.
Retenons ce mot d’ordre de passage à l’acte, le besoin de mettre ses mains dans le cambouis des étudiants de sciences po – mais n’est-ce pas la méthode pédagogique des écoles Montessori – pourquoi pas des écoles linéaires, en mouvement, en interaction avec la biosphère?
Pour relever le défi, vaut mieux être en état de marche …