jeudi 20 octobre 2022

6. Greenwashing
trough
trough, Lodève

Macronite - lignite

L’imprédictibilité et l’autonomie de plusieurs « êtres » font que l’un des éléments de l’ordre naturel est forcément la compétition – que la coordination et les prorogatives changent, sans pour autant que cela nuise à leur enchevêtrement, même l’inverse.

Le hasard détaillé fait l’affaire de tous.

Prenons un exemple concret. Selon un rapportage de France Inter (9h, dimanche 16 octobre 2022), les mairies de France se trouvent face à un mur, dans le cas de Strasbourg ces coûts énergétiques annuels sont montés de 12m euros à 60m d’euros – multipliés par cinq, ou par 500 %, à cause de la crise de pétrole, conséquence de la guerre de la Russie avec l’Ukraine. Les pénuries de carburants résultant des grèves récentes accentuent le trait.

Pour autant, c’est beaucoup pire que le taxe carbone qui a déclenché le mouvement des gilets jaunes, de la France Périphérique, de la « Province », leur ruralité artificielle étant d’autant plus touchée par ce phénomène de la hausse des coûts de l'énergie que les distances sont longues et les déplacements obligatoires.

Le cahier de charges écologique et sa contrepartie économique coïncident. Ils coïncident par force majeure – il n’était pas possible d’économiser l’énergie lorsque le coût de l’énergie était moindre, et stable, mais, dans ce nouveau monde de l’inflation des prix ahurissante, tout est à repenser, dans l’occurrence, et au grand chagrin des scions de la société industrielle, écologiquement.

La frugalité énergétique est maintenant à la base de toute réflexion économique.

C’est très ironique. On aurait dû le voir venir. Mais bien sûr qu'on a fait tout pour le ralentir, et elle accélère !

Dans l’occurrence, certains l’ont vu venir et ils ont déjà fait leurs calculs de réduction de leur empreinte énergétique. Les kilomètres parcourus, le poids transporté lors des déplacements, tout est à revoir vers le bas. On a intérêt à localiser la production, mais aussi les sources de matière première – cela devient plus rentable. Oui, on l'a vu venir, mais, pour constater l'inertie doctrinaire de nous tous, les collectivités locales, tout comme les pauvres, les énergétiquement éprouvés, attendent les subventions, espèrent recevoir les compensations, les "quoi que ça coûte".

Seuls les riches peuvent être prévoyants, les investissements dans l'infrastructure n'ont pas eu lieu. La pensée urgentiste, la crise est devenue un état d'âme, une manière de nous provoquer la réponse par électro-choc, là où l'habitude de l'inaction climatique était de rigueur.

Un exemple positif donné dans l’émission de Radio France est celui de la cuisine communale collective de légumes que l’on fait pousser localement. Les tomates venues du sud de l’Espagne perdent le peu de goût qu’ils avaient, face à cette concurrence, plus besoin d’emballage ni de chaîne de froid, de surcroît. Comment s'y opposer, on est ce qu'on mange ? Cependant, on peut se demander qui a droit à ces repas équilibrés ? Les pauvres et leurs instances sociales sont tombées, elles aussi, dans le tout industriel, sont autant mis en cause par cette crise énergetique que leurs équivalents publics et privés. Un pauvre, mal-logé et mal-alimenté, coûte plus cher qu'un "audessus du seuil de la pauvreté. Et pourtant, avec des jardins à sa portée, ce ne serait pas le cas. L'une des manières d'expliquer cette absurdité, c'est le manque d'écoute des pauvres, les organismes qui les desservent les ignorent, leurs interlocuteurs préférés se trouvent au-dessus d'eux.

Les entreprises, surtout celles à forte dépense énergétique – l’industrie dite « lourde », n’étant pas aussi dépendant des élections (bien qu’elles doivent penser à verser des dividendes annuelles pour maintenir leur accès au capital et prévoir les aléas de la politique), peut prendre des décisions stratégiques à moyenne et à longue terme. En réalité, ce sont les plus écologiquement prévoyant de nous tous, parce que les plus en contact avec les réalités du marché de l'énergie.

Nous, en tant qu’observateurs-acteurs, peuvent finalement comprendre qu’être écologique, être économique et être politique commencent à se souder dans une entité, tant régionale que mondiale, qui bénéficie, ou non, à notre intérêt collectif, même si cela passe beaucoup par la compétition et la contrainte, la coercition et le rapport de force.

Si l’on nous demande de tenir en compte l’impact sur le monde entier du cumul de nos actions particulières, on peut s’en passer, sans que cela amenuise à notre contribution quotidienne, de fait.

C’est comme dire que le cœur a des moyens que la raison ne soupçonne pas. Néanmoins, nous sommes des êtres de raison aussi, et selon l’échelle, ces raisonnements globaux peuvent fomenter une conscience et un consensus collectifs.

intro

Dans le monde des lavomatiques, les greenwashers d’aujourd’hui se trouvent en essorage libre.

Total se fait lessiver, au moins par l’opinion publique.

The boot is on the other foot now – and who is the pot to call the kettle black (la botte est sur l’autre pied maintenant – et qui est le pôt pour appeler la bouilloire noire ? - ne me demandez pas d’où viennent ces expressions obscures).

Les organismes de certification bio, les stages bio-sourcés, les shamans universalistes – qui ne sont autres que des gurus plus modernes, le prana, la méditation transcendantale, tous ces gens essaient de s’assimiler à l’agenda verte.

Il serait temps de nommer la bête que l’on discerne en tâtonnant . Elle date des années 1980-90, elle est hédoniste, néolibérale, no-future. Elle est la génération que l’on n’a pas vu venir au pouvoir, définie par sa vacuïté, son incongruïté. Autant insouciante du passé que de l’avenir, auto-centrée, narcissique, individualiste – autiste. Son slogan est peut-être « c’est ton choix », ensemble avec « There is no such thing as society » et « I don’t know where it is, but let’s nuke it, that way I don’t even need to know ».

C'est nous qui avons créé la société "bulle", en toute méconnaissance de cause, même si c'était le but. La Lampe d'Aladdin a été fort frottée, jusqu'à devenir passoire, l'huile s'en est toute écoulée.

GOVERNMENT GREENWASHING

LINGUISTIC GREENWASHING

LOCAL AUTHORITY GREENWASHING

… qui prennent totalement le dessus sur le greenwashing industriel …

… et pendant ce temps, le prix du pétrole monte, comme le lait sur le feu, …

… mais que font tous ces bons gens ?!

Comme le lait sur le feu, on surveille le peuple, on l’humorise, on l’harmonise, on le scinde, on lui induit l'atomisation, comme si c’étaient des enfants ...des enfants très cons, remplis de besoins d’énergie simples et justes, parce que juste simples. Industriels, encore et toujours, des abrutis à conditionner.

INFRASTRUCTURE

Dans cette société de l’euphémisme, est-ce que le vélo électrique est une forme de greenwashing ? Une sorte de dogme de la religion de la Solution Technique (Finale) ?

Et le réseau « warm shower » ou le « réso pouce » ?

Assurément. Ils n’ont pas encore subi la Transition. Ils pensent encore que la Transition, c'est quelque chose de beau et de ba ba.

Les grandes et moyennes distances qu’il faut parcourir et les poids qu’il faut transporter, pour concurrencer la voiture et le camion, maintiennent cette topographie fictive à trop grande échelle. De nouveau, le cahier de charges écologique, qui pour d’autres raisons a besoin d’incorporer l’échelle humaine, coïncide avec celui des puissants et des moins puissants d’aujourd’hui.

C’est-à-dire que dans un nouveau monde de prix de l’énergie astronomiques, tout change. Là où le paysan africain pensait gagner en efficacité et en autonomie, grâce au portable et au quatre quatre, là où se trouvent les grandes surfaces et le péri-urbain, dans des paysages chaque fois plus arides et semblables, c'est là que ça frappe, de plein fouet. Ce sont des endroits sans échelle mineure - les chemins d'autrefois sont perdus sous les ronces. Le mosaïc d'échanges locales est fragmenté. La piétonnisation cesse, en dehors des centre-villes. Les aménagements qu'il faut ... c'est énorme !

A la mesure de tout ce qu'on a défait, on refait, quels idiots qu'on a été, pense-t-on - mais la plupart de ces infrastructures détaillées se sont dessinées sans grand plan, sans grand architecte, c'est justement sans toute cette fracasserie qu'elles sont apparues, au menu, au fur et à mesure, comme la vie sait faire - avancer en ordre dispersé même si l'on n'est pas encore arrivé au consensus. La financiarisation et l'objectification de nos raisonnements font que le plus simple, le plus pratique, le plus organique, n'a pas encore lieu d'être dans les calculs. Les échelles supérieures, avec leur limitations budgetaires, bloquent les opérations les plus simples, à plus basse échelle.

Les greenwashers crient très fort les titres de leurs chansons. Les gens font, non-obstant.

La bande énergétique d’un produit sera affixée, ensemble avec le nutricode.

Ce Greenwashing, un sacré phénomène liturgique. Que ce soit au niveau de l’état, de l’entreprise ou de chacun d’entre nous, il y a complicité dans cette affaire.

Nous faisons semblants. Nous ne sommes pas encore en guerre écologique, oh no. Nous nous fâchons lorsqu'on nous rappelle de ce qui se passe dans le monde, que la guerre est là, même là où elle ne l'est pas.

La vraie guerre, le rationnement, n’est pas encore, mais elle viendra, on se dit. Les colis alimentaires, oui, le rationnement, non, ce n'est pas encore nous - mais c'est qui, nous?

Tout le monde l’attend, même les hérésies « anti-système » (mais quel système, si cela ne rime à rien?) s’entendent.

Cependant, il y a des gens qui risquent leurs vies pour venir travailler ici. Le SMIC, c’est un salaire de riche pour eux – et pour une partie croissante d’entre nous.

Et l’argent qu'ils gagnent, ils le gardent, précieusement, chaque sous. Cela s’accumule, cela se dépense sagement pour faire des achats significatifs.

Le besoin de voiture, de voiture électrique, de trotinette ou vélo électrique, on n’a que faire, si l’objet est de s’enrichir. Certes, ils ont une valeur ostentatoire – qu’on est arrivé, que son statut social est adéquat – pour cela que les gens parlent maintenant de leurs vélos électriques comme si c’étaient des Ferraris et des Porsches. Des « vélos » électriques à quatre roues, sans carrosserie finie, mettent en évidence l’aspect pionnier de cette affaire.

Un mirage – créé par et pour les riches, qui attend son Model T Ford, son 2CV, coccinelle ou quatrelle. Pour aller où, au juste ?

Le monde des riches, en France, en Europe, mais d’autant plus dans les pays à grande distance comme les EEUU, est un simple mirage, un monde virtuel à vaste échelle superposé sur le monde physique, réel.

Fictions, fausses réalités

« Do you think you’re lucky ? » (Clint Eastwood, The Good, the Bad and the Ugly).

« Vous pensez que vous avez du bol ? »

L’Utopie campagnard peut vite changer en cauchemar lorsqu’on n’a pas de voiture, qu’on n’a pas assez d’argent. Sur qui compter ? Les Gilets Jaunes se mettent sur les rond-points, seuls points-rencontres fiables qui restent, l'isolement est quasi-total, sans industrie. Réduits au status de mendiant à la rue par l’essence et la vie chère. Le désir de dignité, le désir de ne pas se voir affichée une identité de cas soc, d'assisté, explique les fines distinctions de statut défendus par les plus pauvres, il en va de l'amour propre.

Qu’est-ce qu’ils vont faire maintenant avec la hausse des prix à la pompe et même la rareté de ces liquides combustibles ? La complicité avec le système présent est patent – on veut faire avec l’essence, pas sans. On peut donc dire que les ruraux pauvres et les pauvres ruraux font une avec le greenwashing.

Aller vers l’électrique, donc, … s’ils ont assez d’argent – cela coûte un bail. Les frais sont en amont. A poids égal, la voiture électrique ne gagne pas beaucoup – vous avez vu un tracteur électrique ?!

Un vélo électrique coûte vingt fois moins cher, globalement, parce qu’il est 20 fois moins lourd et il va moins vite. Il peut faire 45km heure, consomme beaucoup moins à 30kmh. En périurbain cela équivaut à la vitesse moyenne supérieure d’une voiture, en campagne cela fait 2 heures pour 100km, à quelques kilomètres près.

Mais la voiture a toujours été surpuissante et sous-chargée. Comme une maison de riche, grande et avec quelques chambres vides pour les visiteurs potentiels.

Electrifiés, à contre-courant

On est en train de transposer, de transférer nos calculs topographiques, topo-sociaux et économiques, à un autre style de véhicule, sans jamais penser au réel. Nous sommes tous devenus des greenwashers de fait, dans une société rurale greenwash, où, sans véhicule, tu es nulle part.

Et cependant, cette époque est terminée – elle n’est pas soutenable. Le mot « assisté » s’applique à tous ceux qui, sans voiture, sont nulle part. T

Toujours la même elasticité d’un paradigme civilisationnelle qui refuse de lâcher le morceau, comme un enfant qui tente toujours le même coup et qui ne veut pas lâcher sa mère.

Il faut un appel d’air et un coup de pouce à ceux qui proposent de venir s’investir dans la campagne et ceci sans voiture, sans fortune. Et en réalité, nous savons que, sauf des rares exceptions, c’est tout-à-fait l’inverse qui se passe avec en plus, de la complicité donc. Des greenwashers incertains, auto-justificateurs, pas coupables, elastiques.

On n’a aucune envie de renoncer à visiter les grandes surfaces à la limite de la ville, où les choses sont moins chères et il y a plus de choix, et comment rentrer avec 25 kilos d’achats ? Où met-on le sac de croquettes premier prix pour le chien de compagnie, le Patou personnel ?

La déchetterie broie les vélos. Les employés n’ont pas le temps de faire le tri c’est sous contrat et il y a le caméra de surveillance. Il faut tout broyer. La différence entre les recycleries et les ressourceries est subtile. Le recyclage est un euphémisme – on broie tout ce qu’on n’enfouit ou on ne brûle pas. Les ressourceries font la même chose – elles amènent la plupart de ce qu’elles reçoivent à la déchetterie pour être broyé. C’est l’époque – on est plein dans les excès de la surconsommation, les déchets s’accumule, on s’y ensevelit sinon.

Deux exemples magnifiques de greenwashing, de nouveau. L’intérêt commercial est totalement dominant.

Mais si le neuf devient trop cher, le marché d’occasion sauvera le jour. Même les économies d’énergie ont des surcoûts faramineuses – il faut jeter toute l’ancienne génération de machines énergétiquement inefficaces, il faut rénover le bâti. D’énormes dépenses énergétiques, finalement, avec un délai de retour sur investissement qui dépasse très largement le délai climatique qui nous est accordé.

Encore du greenwashing ? On voit bien l’intérêt, dans les termes économiques de l’industriel – du boulot, des profits, de la production.

Mais pas si l’énergie coûte trop cher. C’est subitement comme si on avait un salaire de Tiers Monde – nous ne sommes pas faits pour cela, ce n’est pas comme cela que ça devait se passer.

Étant donné que le façonnage et la transformation de ces produits industriels est, à part l’extraction et l’exploitation des matières premières, le processus qui consomme le plus d’énergie, il est difficile de comprendre pourquoi broyer les bouteilles et les bocaux pour ensuite les refondre soit plus écologique que leur réutilisation telles qu’elles.

Personne n’est vraiment dupe de cette situation. On préfère jeter le bocal plutôt que de le laver et le réutiliser. C’est plus facile. Ça gagne du temps. Ce n’est que les vrais pauvres qui montrent un intérêt pour ces objets – mais ils n’ont souvent pas la place pour les garder !

Une société de greenwashing doit aussi assécher les manières de faire autrement.

Les pauvres, ils ont des caddies, là où les riches, ils ont des voitures.

Qui veut être vu avec un caddie, surtout en pleine cambrousse ? On a toutes les chances d’être pris en stop, surtout pour cacher la misère. Un peu comme des fourmis qui nettoient devant leurs nids, tous dans un élan d’être pris pour le plus beau village de France !

La laideur et la stérilité de tels paysages se constate. Les « plus beaux villages », ainsi désignés au moins, sont en général fortifiés, construits en pierre massive, béton et bitume, à l’air d’énormes termitières rupestres.

« Pour mieux résister à la canicule » dira Grand-mère Louve, tout en souriant lorsqu’elle songe au gonflement du rendement immobilier que toutes ces maisons lourdes représentent.

On n’est pas sorti de l’auberge …

« On a besoin des riches, à la campagne, pour nourrir les pauvres, à la campagne. »

Ainsi pourrait-on formuler un autre type de pensée « greenwashing », celui du tourisme de consommation, sur lequel est basé une large part du gâteau électoral. Le touriste achète sa deuxième demeure à la campagne, l’écolo qui vit en yourte ou en cabane doit louer son appart au village pour assurer sa « contribution », son intégration à la combine.

« Que les riches et les touristes achètent dans les petites boutiques en centre-ville, à prix exorbitant, trois mois à l’année, cela nous donnera du boulot pour les servir et des profits à réinvestir. »

Sauf que les riches vont dans les grandes surfaces aux abords des villes – comme tout le monde, quoi … pour la plupart de leurs achats. Et le plus grand dépense ? L’essence, le gaz, le pétrole, évidemment. Ce n’est pas local.

Et puisque nous sommes tous, à degré varié, complices, le mot « greenwashing » induit une dissidence cognitive – à quoi bon s’attaquer aux super-profits de Total si nous sommes tous des super-co-profiteurs sans aucune envie de transformation réelle.

Mais l’énergie devient tellement important, à elle seule, qu’elle mérite une devise, à elle seule. On commence maintenant, tout juste, de parler des kilowatt heures en société correcte. On commence tout juste à savoir qu’un homme, c’est quelques dizaines de Watts, contre une voiture de quelques milliers de Watt.

De telle manière que très bientôt, même dans ce monde monétarisé où il n’y a que les chiffres qui parlent, même un ignorant volontaire ne pourra plus nier l’évidence devant ses yeux.

On se renvoit la balle, mais on n'est pas coupable. On s'atomise et on s'abszente, pour ne pas être co-responsable. On est rancoeureux contre le voisin, pour les mêmes points fautifs que l'on trouve chez soi. C'en est trop. La pression est là. Les encoquillés !