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mercredi 8 décembre 2021

Déchets, rejets, espaces vides (de sens)

Lorsque j’y réfléchis, en attribuant la valeur « friche » à un endroit, on l’abandonne, en lui conférant le statut de « nature », sous le label de « réserve de la nature », il n'est pas de notre monde, sinon celui des experts. Mais le jardin, on continue de le cultiver, pareil.

cuve

En ceci, les anglais et les japonais varient quelque peu : ils soignent « la nature » mais toujours dans le but de la rendre plus « naturelle » ; « wilderness » est la catégorie anglaise de la nature non-soignée.

En écrivant ceci, je pense à un sous-bois, au bord du Canal de Midi, où j’ai été horrifié de trouver un campement abandonné contenant tous les déchets et immondices du monde moderne, à quelques encâblures d’un collectif dédié à l’économie circulaire – le recyclage des déchets.

Tellement j’en étais dégoûté que j’ai passé des journées entières à désincruster piles et batteries du sol, à ramasser des fragments de plastique, à enlever des couches sanitaires, des slips souillés, des seringues … et ainsi de suite.

Comment se faisait-il qu’on avait laissé pourrir sur place si longtemps ces objets – au moins deux ans selon l’étendue de la mousse et du feuillage qui s’y étaient superposés ?

Dans ce bois de beauté en régénération ? Comme le secret honteux du coin ? En fait, je perçois que c’étaient des déchets, des rebus, cela n’existait plus, comme une crime enfouie dans l’amnésie – la mémoire traumatique. « Nettoie ta merde, ce n’est pas la mienne, je l’abjure », quelque chose de la sorte.

On fait pareil, finalement, dans plusieurs domaines, la pollution sonore cesse d’avoir de l’importance hors monde humain, les périmètres de l’intolérable rétrécissent, la nature ne réclame pas ses droits, noyée dans le vacarme du transport routier.

Si chacun prend sa petite responsabilité, le monde s’améliorera, n’est-ce pas, petit colibris, petite merde ?

En fait non. La friche, c’est la rage contre l’inachevé des autres, la culpabilité non-reconnue de l’échouage collectif. C’est la liberté de faire ce qu’on veut, cette friche-nature. Y attirer l’attention, c’est inviter des emmerdes.

recycler ...?

Le recyclage de l'industriel est en train de devenir une industrie en soi, la recyclerie via la ressourcerie. Elle bénéficie de beaucoup d'espace dans l'ancien industriel, les hangars et usines, et de subventions d'état.

Cependant, il ne faut qu'un moment de reflection pour constater que tout ne brille pas dans ce monde apparemment vertueux. En favorisant l'essor d'un nouveau champs industriel - la récup et remise en forme de matériaux industriels, on crée un nouveau marché pour l'industriel. On perpétue l'industriel.

Deuxio, l'amplification de ce secteur, au dépens d'autres secteurs, exemple : l'humble potager à légumes, peut faire perdurer l'industrialisme, là où nos intérêts écologiques tirent plus vers notre réintégration à une vie moins industrialisée. Or, on risque de retrouver à cette époque critique bien peu de jardiniers mèlés avec beaucoup de bricoleurs, de maçons, de charpentiers, d'éléctriciens, tous avec des savoirs faires et des intérêts dans l'industriel et le toujours plus.

La voix de la nature se fait entendre dans la voix des jardiniers expérimentaux, qui sont si peu et si peu soutenus, lorsque l'industriel et ses succursales prennent presque tout. Les jardiniers sont des connaisseurs intimes de la nature, qu'ils sachent aménager la terre (écologiquement, hydrologiquement, à main) ou qu'ils connaissent la culture des plantes. Où est leur voix? Ces métiers, plus ceux de la transformation et la mise sur le marché des produits de la terre, doivent croître, surtout à petite échelle et au niveau local.

C'est dans cette infrastructure écologique dynamique que nous pouvons trouver les plus grandes transferts de l'industriel, avec ses énormes surcoûts énergiques, au post-industriel - l'usage intelligent de ressources naturels qui viennent de notre milieu de vie. Nous ne pouvons pas, en toute bonne conscience, continuer de gonfler artificiellement nos besoins physiques en énergie, alors qu'en utilisant notre intelligente coopération collective nous pourrions nous en sortir avec plusieurs fois moins.

vendredi 29 octobre 2021

Ici écoactifs !

Notes sur nos offrandes culturelles

Humain – humaniste – dystopies

« Montaigne n’était pas humaniste ». Bizarre.

Science Fiction as against Fiction

« Peur du totalitarisme » contre « Peur écologique »

Preuve de l’existence de l’espace-temps, l’avenir n’est plus un refuge à l’usage exclusif des technophiles. Une autre science est dorénavant possible.

Les pays lointains, imaginaires, d'ailleurs, du passé, de l’avenir s’imposent, se sur-imposent sur les « affres du présent ».

« Mène ta bonne guerre dans le corps et l’esprit d’Arnold Schwarzenneger ». Crée ta réalité, ton metavers ».

Le CyberPunk

« La déliquescence sociale généralisée » avec des compléments techniques [et mafieux]. »

punk paradise

Post-apocalyptique

« Qu’y a-t-il après un éffondrement sociétal ? »

Optimiste, constructiviste, pas fermé

Là, je vais passer à la vitesse supérieure

A la radio, j’entends 2 nouvelles garanties à nuire à tout optimisme, ils sont doués pour cela.

Le cerveau de l’être humain a commencé à rétrécir il y a 300 000 ans, selon des analyses plus repoussés. On a pensé auparavant que ce rétrécissement est venu avec le néolithique, il y a 10 000 ou 3 000 ans.

Les machines produisent 200 fois plus que les humains. C’est-à-dire, il faudrait 200 humains à la place d’une, sans machines. Sous-entendu qu’on devrait travailler comme des bougres pour avoir le même niveau de vie qu’aujourd’hui, s l’on perdait l’usage des machines.

J’adore ce genre de statistique, … pas. Si c’était une question d’intelligence collective, comment se fait-il que sur les médias ils parlent de « productivité » de cette manière, comme si c’étaient des fait avérés, incontestables ?

Au contraire, on vit avec la productivité comme avec un mauvais voisin, de plus en plus. Depuis quand la productivité ne se mesure-t-elle qu’en unités énergiques ? La machine humaine « pèse » soixante watts. Elle produit soixante watts. Elle peut faire un tas de choses, à moindre prix énergétique que la machine machine.

Comme moins voyager, ou voyager moins loin, par exemple. Ou bien plus. Une bonne promenade, au moins une fois par jour, fait généralement du bien. Plus de voiture, encore plus de bien. La réduction du dépens énergétique nécessaire à l’existence de chaque humain serait énorme si cela eut lieu.

Qu’est-ce que produisent exactement les machines ? Plus de travail pour les machines, peut-être, mais qu’est-ce que cela a à voir avec nous alors ?

Quel est le « coût-bénéfice » (cost-benefit) – à qui se rapporte-t-il ?

Si j’achète une voiture, je fais la bénéfice de ceux qui font et vendent les voitures, ceux qui font les routes mais à moi-même ? La bénéfice est de rouler en voiture. De pouvoir se déplacer plus loin. A quel but ? Ces pistes de réflexion ne révèlent aucune bénéfice énergétique pour l’humain, par le sur-usage des machines. Les statistiques révèlent une surproduction est une surconsommation d’énergie massives, mais la logique de leur utilité, pour nous, est une logique de l’économie circulaire des machines, on produit des voitures pour aller plus loin, on consomme donc plus d’énergie pour aller plus loin, mais « il faudrait 200 humains pour aller aussi loin, avec autant de poids sur le dos » ou « on ne pourrait pas vivre comme maintenant, dans des maisons en parpaings et béton, sans le transport routier ».

Le lien causal n’est pas démontré, ni même tenté entre le « coût » de l’usage des machines et la « bénéfice » à nous, humains, il est basé sur une auto-référence, créant ainsi une définition de la croissance économique sans base sociale. Les cadres de référence logiques sont choisis pour la mise en valeur de la machine. La tentative de rattacher ce monde de logique circulaire au monde physique humain se fait par le mot « productivité » – l’homme fait « plus » avec une machine entre les mains – plus de quoi, pour qui ?

Pour compléter cet analyse, non sans intentionnalité ironique, je retourne l’idée de ma petite tête, face aux géants intellectuels d’antan. Cela me fait doucement rire. L’hypothèse qui s’est présenté, c’est qu’il leur fallait faire avec plus, parce qu’ils avaient moins d’entre-nous. Et puis … ?

jeudi 9 septembre 2021

Être humaniste – journaux de bord de route

crack pavement

Si l’on ne s’aime pas, comment vouloir se défendre ?
Est-ce qu’il y a des bonnes raisons pour vouloir se défendre ?

Pas encore …

Les gens vivent cachés. Pas de signe visible de vie … et son revers qui resurgit, le clannisme ostentatoire, des fois qu’on ose, ...

La place publique déserte, que des voitures et leurs intendants sur la voie publique. L’espace privé, un autre monde. À huis clos on s’épanouit, on se le défend, férocement. Les foules réprimées, l’ordre publique entretenu comme une pelouse sans accident.

Chez soi, la subjectivité tout embrassante, donc. L’autodéfonce contre les excès, les abus du toucher, objets brûlants du dernier renfort.

L’entre-soi à part, la séparation consolidée. Il n’y a pas de retissage social possible, juste des isolats pragmatiques qui attendent la reliure qui ne vient pas d’ailleurs.

Les franco-résidents ne sont pas racistes. Tout individu, vert, noir ou blanc, peut attirer leurs foudres – a-t-il lieu d’être, ici ? Ôte ton ombre de ma lumière !

vendredi 27 août 2021

Rêves d’un futur vivable

C’étaient les modernes

Je pense aux mouvements monastiques du treizième, quatorzième siècles. La modernité est un concept vieillot.

La langue-pensée

Et la langue humaine, contre la pensée en parallèle des ordinateurs, est-elle devenue caduque ? Sommes-nous « surplus to requirements » ?

S’Éffondrer

Trailblazers

Plus que Plein Emploi

Ce n’est pas nous, mais la civilisation proto-industrielle et industrielle qui disparaîtra.

Une longue fleuve agitée. Neutraliser l’espace n’est pas efficace. Le temps ne s’arrête plus pour nous.

Les Trailblazers découvrent et balisent les chemins de la nouvelle économie, au concret.

Le sous-emploi sous-traitant, obtenu par la sur-classification des millions de citoyens en « sans emploi », handicapés, maladifs de longue durée, fragiles, retraités, se verra remplacé par le travail humain d’« exister », non-assisté, de reconnexion terratoriale.

(09h04 8.9.21 : « défense des piétons en ville »entre banlieues … finalement ils ont compris … et à la campagne les carrossopelléteuses feront briller notre nature?)

Le système de « voies vertes » aura comme critère le bilan écologique et énergétique net positif des œuvres.

Society-société

L’air est pesant de l’odeur de la récolte – des effluves de maïs, de fourrage, tout azote, de masse de raisins, de pommes pressées.

On parle de la Belle France à la radio. Je n’ai jamais vu autant de laideur. La beauté ne se manifeste qu’en ruination, incrustation, lichenisation, émoussement, végétalisation, mais les dessins architecturaux monumentaux, les milliards de parpaings, le crépis, la dalle – qu’ils crèvent, tous !

samedi 28 août 2021

Le Tarn, grand et gros. Je n’ai pas mentionné la Cathédrale d’Auch, qui me semble un rare exemple du réussi dans le genre bâti, avec ses colonnes mi-doriques élancées, massives, quiètes.

Je suis devant d’autres massifs d’artifice – à Villemur-sur-Tarn, son pont en suspension, son château en briques.Le bâti, manifestation physique de la dominance humaine, dépassée par les événements, reste largement et longtemps inusitée, attend sans lendemain.

Devant ce château, sous un saule pleureux, je vois, amusé, une rectangle non-fauchée non-fardée, où poussent toutes les adventices du coin, comme des hooligans, la chicorée, le chardon, le larbin. On parle de parcs naturels URBAINS à la radio. Architectes, démissionnez !

Le mouvement du décrépit, des squats, des photographes de l’abandon, fait naître la question des sans-abris, complices en désuétude.

Qui le veut ? Le mobilhome utérin attire la vieille génération comme une exosquelette, la camion/nette les âges moyennes, les trentenaires, les quadragénaires, dans leurs délires « travellers » du grunge. Les jeunes ne s’y retrouvent nulle part, la mode réfugié – portable, chaussures de sport, pantalon de sport, T-shirt, trottinette et basta – surgit des cendres. Comme les ruminants, ils trouveront de quoi s'en sortir, sur le chemin, à l'arrache.

Being there

Après tout, le bonheur se troue dans les interstices du croisement des réseaux sociaux – plus que désincarnés, très humains, réduits à l’essensoriel – on n’aspire plus au massif matériel sinon à la liberté corporelle sans attaches visibles. La liberté mentale est déjà acquise, dans la seule « possession » qui compte, l’appui social, sa secrétaire soumise, le téléphone portable, sans lequel on n’existe nulle part.

La réphysicalisation qui se propose, d’urgence, existe dans ce contexte d'un monde contenu dans un petit objet de pouvoir. L’espoir est que la dynamie restante nous devienne le bien le plus plus précieux – comme pour les réfugiés. Pour qu’un réfugié se sente chez lui, la voie est claire – il lui faut de l’accueil – où qu’il va – ce facteur lui devient gouvernant. À défaut d'autre solution, l'essence lui achète l'autarcie illusoire en forme de voiture-bulle.

Le téléphone portable va-t-il arriver à relever le défi, face aux détenteurs de propriété et de biens massifs terrestres, des lits, des lieux, de la voirie?

Fiché, fichu

Une vie simple, en mouvement, par contre, celle d’un réfugié climatique, offre cette condition nécessaire. C’est déjà beaucoup pour cette génération naissante, bloquée de tous bords par ces vieux hippies irrécupérés de la surconsommation, de la malbouffe, de la toxicomanie. Si les jeunes à la rue s’invisibilisent – et les confinements ont servi de bon entraînement à cette fin, c’est que leurs portables, jumeaux siamois, les permettent des associations, des rassemblements de cœurs – un tissu social – malgré ce qui ne peut qu’être aperçu comme une volonté de fer en velours de la part de leurs aînés de les « encadrer », de les insérer comme des ampoules dans une société d’aliènes. Sans GPS, où sont-ils?

Soumis en extérieur, ils s’en fichent à l’intérieur : « Never a frown, with golden brown » serait l’expression équivalente de la génération « punk psychédélique » qui régit nos vies actuelles.

On peut plausiblement s’imaginer une future vélorution sur ces bases. Des routes devenues des pistes minuscules, peuplées de trotinettistes en relais, en « snatch » social passager, relié ou non par des cordes invisibles.

Comme le cam des soixante-huitards, le portable de la génération CoVIDE n’est qu’un véhicule à passager des fantaisies modèles. Ce n’est pas qu’on veut abandonner sa drogue, c’est qu’il se peut qu’elle ne sera plus de mise. Bouger son cul fait plaisir en soi. Et au proche avenir, qui voudra un portable, si on l’a, tout entier, dans sa boucle d’oreille – au plus près de sa tête ? Le visuel, l’écran mental, est assurément matériel encore, mais l’auditif en est un autre mental, en ondes.

Pour cela, par analogie, la régie « dynamie » prend toute sa résonance avec le proche-avenir probable.

On aime voir et caresser les choses qui nous sont chères, mais pour entendre, pour transmettre, on a besoin d’être audible et caresser avec sa voix.

L’écran tyrannise et inflige. Il permet peu la lecture – les mots redeviennent sigles – des signes visibles, des simulacres de substance. On redevient jaloux des oiseaux libres dans leur envol – je vois des pigeons percher au grès sur un tronc coincé au coin de la retenue riparienne. Ils sirotent les eaux poissonneuses à délice.

Il m’arrive de penser qu’à l’époque du portable, ce serait plutôt mieux d’afficher sur le front un petit panneau « non-disponible » que de le mettre sur le téléphone, comme cela on ne risquerait pas de parler avec quelqu’un en présentiel lorsque sa pensée était avec les virtuels. Juste en termes de politesse et de clarté ...

Nous sommes qui pour ne pas être jaloux des drones ? Lorsque la vie réelle de sédentaire statique devient insupportable, il faut se faire bouger dans ce bel monde. Belmondo pirouette en patinant sur le mur de la retenue, tout en grâce, vers la fabrique en briques, 1930 écrit dessus, sifflant sa fierté hydraulique d’industrielle insoumise.

Il faut mentionner ces bruits. Les bruits de l’industrie. J’ai entendu toute une émission sur la nuisance sonore, qualifiée par ses décibels, comme si l’on pouvait qualifier la puanteur de la merde en points sur l‘échelle de Richter !

C’est quand qu’un bruit devient insupportable ? Chaque voiture qui me dépasse m’offre un son devenu insurmontable, crée des milliers de concaténations de caoutchouc contre granulés bitumineux. Le pays tapi de goudron et d’échardes de terre brûlée ! Je veux le velours de la prairie douce, prête à caresser mes plantes de pied souples et nues. La nature, je me la veux douce, même dans sa sauvagerie.

Je veux renoncer à être exploitant, destructeur, pour devenir intégrateur, fédérateur, ensemble avec mes pairs.

Pourquoi ne peut exister cette Utopie ? Qui dit non ? Elle ne vient pas de nulle part, elle est juste malaxée partout.

Ces Utopies non-brutes deviennent l’aspiration – la mode – c’est en cours. En France métropolitaine – la vaste métropole rurale urbanisante que nous nous sommes créée, comme des cons, peut devenir notre monde à l’infini de demain. On peut la mesurer dans la transformation de notre bâti en harmonie et en intelligence naturelles, pas en délimiteur artifice-nature.

Nous sommes « en quête de savoir »

Diary dimanche 18 juillet 2021

Premier jour hors Ariège depuis trois ans peut-être

À célébrer ? J’ai dormi auprès d’un lac à Le Fauga, en route à Toulouse. Que des bétonniers, / trains / autoroutes / truites / moustiques – et la chaleur. Il y a trois jours j'étais près de Sentein, à 1800 mètres. Ah, la plaine!

Diary lundi 19 juillet 2021

Là, j’arrive au Pum. Des énormes hangars pas loin de Compans-Cafarelli. Cela me fait penser à un squat où j’ai passé la nuit à Bilbao. Avec un autre, on était enfermé pour la durée dans un énorme local. Peut-être en 2002. On nous a essentiellement laissé occuper l’espace, sans direction. Le décor et la manière de faire sont à peu près identiques ici - mais il y a des gens chaleureux. En réalité ce lieu est dans sa sénescence, il attend le coup fatal de l'expulsion, il reste l'équipe de veille. J’ai été reçu par quelqu’un qui a ensuite disparu, il est en train de soutenir une conversation marathon avec sa sœur dans un pays de l’Est. Plus tard, malgré la barrière de la langue, j’ai tenté de lui avancer la thèse que l’écologie est incarnée, physique, mais que nous, nous sommes devenus des machines à rayon indiscriminé. Il en va de son séjour en France – s’il ne connaît ni la langue, ni l’histoire du pays dans lequel il se trouve, il risque de se faire virer, avec ces nouvelles épreuves chauvines. Mais si les réfugiés sont malaxés par l'administration, ils ont toujours le recours à leur communauté humaine - les outils virtuels les soudent parce qu'ils favorisent le diaspore, tandis que le sédentaire n'a que son manque de paysage humain d'ailleurs. En fait les gens qui se tiennent à distance, surtout dans l'après-virus, subissent l'effet ricochet. Se sentant eux-mêmes isolés, ils s'isolent, pourque la bulle de chaleur humaine perdure mieux dans leurs têtes.

Je ne sais pas pourquoi on ne le fait pas plus remarquer. La culture « squat » est l’une des cultures les plus stables, les plus inchangées, les moins évoluées, depuis au moins les années 1970. Je n’y comprends pas grand-chose – pourquoi des lieux qui se veulent progressistes, développementaux, où toute liberté est assurément donnée à créer et à innover, est-ce que le résultat est si copié-collé? Peut-être on se laisse influencer, opprimer même? Et les moyens de bord sont à peu près pareils. On m'accuse de présomptivité. Il est vrai que ces observations pourraient provoquer de la colère, alors que je suis plutôt souriant du plaisir de la retrouvaille de lieux si familiers. L'engagement que j'apporte est, de ce fait, d'abord critique.

On peut faire des hypothèses. L’Intelligence Collective, décrite par Joseph Henrich (Harvard, 2016) et que je préfère appeler la stupidité collective (l’une ne va pas sans l’autre) a besoin de « turnover », de brassage, de traces lissées. Or, le désir et l’enthousiasme des nouveaux squatteurs est de faire eux-mêmes, comme les enfants qui construisent des cabanes dans les bois. Le caractère d’un squat est d’accumuler de vastes quantités de matériel, de récup et de bouffe, de l’organiser dans l’espace, de commencer des œuvres d’art qui, étant donner le caractère impermanent d’un squat, sont éphémères. L’intelligence collective n’existe que dans la transmission de la technique "loge", avec les moyens à bord. Le collectif n’est, dan les faits, pas collectif. Le savoir de la bricole - et que de la bricole - se transmet de la génération d’avant, sans opposition – c’est le seul savoir cohérent. Il en surgit des chefs d'oeuvres, un dialecte, des futurs systèmes sociaux, par des bribes et des brins. Et l’adolescence est à perpétuité, amen.

En arrière-pensée, je sais que ces mêmes gens, s'ils se trouvent dans un lieu de savoirs fementés, un jardin par exemple, où les plantes poussent sans craindre l'abattage, ils s'appliqueront aussitôt aux exigences du devenir de ce lieu-là, qui n'est pas plus figé qu'un squat, mais qui a sa propre temporalité. Il est difficile de s'avouer qu'on est touché par les traces visibles de l'impermanence, de la destruction anticipée. Mais j'ai une conviction croissante que c'est de cela que ça traite - notre destruction de notre environnement est codifiée, comme une expiation céremoniale des traumatismes récurrents. Le squat est une oeuvre à clef.

Diary mardi 20 juillet 2021

Passer aux actes – des créations d’infrastructure

L’infrastructure dont il se traite est une infrastructure écologique dynamique – qui remplace de manère incrémentale l’infrastructure routière et industrielle présente. Il y a des écrits détaillés à ce propos ici : www.cv09.toile-libre.org mais il faut avouer que cela se passe dix fois mieux à vive voix et en actes. Ces écrits de référence donnent un coup de pouce aux flux de communication dynamiquement stables - le prérequis du consentement informé.

Le but, étant ici sur Toulouse, est de chercher des co-activistes. Avec un bon sens du timing : c’est précisément le moment où tout le monde se sauve à la campagne. Peut-être qu’il ne reste que des inactifs, des décrépits et des frustrés ! On se fera bonne compagnie. Le progrès se fait toujours aux marges.

Il faut s’imaginer qu’il y a un ferment d’énergies sociales réprimées – qu’à la campagne se fera le point rencontre de rupture, en cet été urbain co-vidé. Mais moi, je ne me fies pas aux apparences, je veux des preuves ! Je pense à ma ville balnéaire d’enfance – Swanage dans l’occurrence – qui pullulait d’ados français d’une impolitesse exécrable en été – et qui, en hiver, devenait le lieu de rencontre par excellence des jeunes du coin. On avait un nom pour les touristes estivants : les groks. Je n'ai pas l'impression qu'ils arrivaient à faire quoi que ce soit pour retisser des liens durables, pas basés sur l'appât du gain.

La Transhumance

Cette transhumance en meute – une affaire de porcins plus que d’ovins. "Si tu subis ou tu es témoin d'une oppression, permets-toi de casser l'ambiance - elle est sûrement déjà pourrie". C'est une citation de pancarte qui se trouve ici - je me permets de vous offenser sur cette base de non-affabilité amicale.

J’essaie d’y mettre un tilt. Un pas de côté. Les lignes de force sont extensibles, même en été. Pourrions-nous faire de nos voyages individuels des retissages de réseau, cette fois-ci pour donner une vraie place aux pauvres, aux voyageurs et aux frugaux - les pratiquants de l’économie écologique à venir ? Laisser des traces positives derrière nous, pour tous ceux qui suivent dans nos pas ? Sans être figés nous-mêmes, est-ce que nous pourrions bâtir les fondations d’un entre-nous qui permette à tout le monde de voyager, de travailler, de trouver sa place en mouvement, en non-sédentarité ? Il suffit de si peu de choses, maintenant, pour que cela devienne réalité.

J’espère que la crispation de ma voix en symboles ne se fait pas trop sentir. Cela fait des années que je travaille à ce but. Je vois des signes d’espoir, beaucoup d’espoir, en ce moment-même. Les gens bougent – ils s’éparpillent partout. La difficulté primaire, de réfléchir ensemble sur un projet, d’en décider et finalement de se mettre en chemin, enfin de se déconfiner, n’est plus de jour. Là, il faut sauter sur le cheval à galop.

Le plus difficile pour moi est de narrer le banal – banal pour moi, inconnu des autres encore. Pour arriver à contester une infrastructure – l’industriel dans lequel on nous a macéré ces longues années, il en faut une autre, sans industriel, qui se tienne. Cela se fait par des actes d'accueil, des préparations de chantier pour les autres - l'homme à tout faire n'étant pas de mise.

Pour une bonne partie d’entre nous, c’est à peu près à ce point-là que surgit la phrase « mais on ne peut pas revenir en arrière comme ça ».

Pour moi, le passé est industriel, mécanique, fait de pétrole, de métal, de superhéros mécaniquement assistés. L’avenir se trouve dans les sciences du vivant, de la mixité, d'un domaine dans lequel les avancées ne cessent de croître, tandis que le mécano-physique est plutôt dans une période de stagnation. Il se peut que bientôt même nos outils informatiques seront construits d’ADN – ou plutôt auto-construits, ou « poussés ». Le physique, c’est le vivant, maintenant plus que jamais. Il y a cette convergence, là où il n'y avait que divergence.

Notre civilisation se caractérise par la surconsommation d’énergie, jusqu’à il y a peu doctement inépuisable. En regardant de plus près le vivant, on observe l’adresse avec laquelle il économise ses moyens, l’élégance des solutions qu’il trouve face aux obstacles. Nous en faisons partie. Nous en faisons dorénavant la plus grande partie, nous et nos bêtes, nous et nos céréales. Il en va, maintenant, du monde du vivant, dont nous, dont nous surtout.

L’industriel est déjà du passé, il ne peut nous donner des réponses satisfaisantes à l’avenir. C'est une divorce sans faute, mais nécessaire à nos vies. Si l’on dit « un autre industriel est possible », sûrement, on ne jette pas le bébé avec l’eau du bain. Mais c’est un industriel qui risque d’être méconnaissable sinon l’antithèse de ce qui existe à présent. C’est-à-dire qui respecte l’échelle du vivant, qui rephysicalise nos rapports, dans un mosaïque de contacts entre échelles, puisque nous, êtres physiques, vivons interpénétrés d'une nature également physique dans toutes ses dimensions, une réalité que nos artifices nous épargnent sans rien résoudre.

L’industriel nous a invité, selon l'expression bien connue, à faire « des économies d’échelle ». Je traduis : il est prêt à tout niveler, tout uniformiser, pour la plus grande utilité de machines chaque fois plus gargantuesques, ou en tous cas plus ubiquiteuses, qui nous remplacent, qui mutile et rend inutile la majorité vivante.

De manière plus indirecte, insidieuse, nos déplacements et nos communications à distance font le boulot de l’industriel en nous détachant des réalités physiques des êtres naturelles qui nous entourent, autant humains que non-humains. Les groupes sont statiques, pas dynamiques, dans ce monde de course poursuite à haute vitesse.

Prenons l’exemple d’un village type de cent habitants à la campagne. 30 font la navette chaque jour à des boulots à 50km autour, sinon plus loin, en voiture. Ils ne connaissent que les noms des bleds par lesquels ils passent, en chronomètrage. 10 font du télétravail – ils ne sortent guère de chez eux. 30 sont des retraités ou des malades chroniques – auxquels on donne de l’aide à domicile, venu de loin, en voiture. L’école primaire est dans le prochain bled – on y va en voiture. Les ados sont en pensionnat, au lycée pendant la semaine - c'est le car. Tout le monde va aux grandes surfaces – à 30 kilomètres de là. 5 personnes cultivent la terre et en gagnent leur vie, il n’en faut pas plus pour servir les machines qui fournissent le gros du travail. Une partie des maisons reste inoccupée neuf mois sur douze, ce sont les maisons de campagne des riches urbains.

Et tout le monde, mais tout le monde, dans ses heures libres, fait tourner la débroussailleuse pour réduire sa nature à des proportions gérables. Le jardinage se rédéfinit, à son tour, à un seul geste. En fait, la débroussailleuse, elle broie plus qu’elle ne coupe. Peu sont les insectes – et leurs œufs – qui s’échapperont du carnage. Une faucille, une faux, elle ne fait pas ça. Je note qu’il y a de plus en plus de machines qui broient – qui déstructurent et gazent la vie. Que les nuisances sonores, surtout en pleine campagne, se déchaînent, comme si l’humain avait horreur de la nature qui s’écoute.

La révolution post-industrielle sera donc composée fatalement de notre silence mécanique, pour que la nature retrouve sa voix - et nous notre chant, notre chantier, notre sentier de vie.

mardi 20 juin 2021

Quand le collectif passe au singulier

On aurait du le voir venir. On, c’est au moins moi, bien entendu. Avec tous ces verbes censés faire du sens, singuliers, pluriels, faits pour interpeller et instrumentaliser, il n’est pas facile de se fondre dans la masse. Et pourtant, on fait masse, peut-être comme jamais auparavant. On n’a que peu de prise sur la masse, finalement. Les chiffres ne font pas masse, mais blocs et tendances. Je ne sais pas pourquoi on ne le fait pas plus remarquer (si je le sais je ne le dis pas). Les chiffres sont quand même à la base de notre démocratie. Peut-être c’est pour ne pas être accusé d’hérésie qu’on ne le dit pas ? D’un côté, les riches et les puissants, qui avec leur libre arbitre décident, de l’autre côté « les masses », faisant offre chiffrée. Les élections passent. Avec étonnement las, les commentateurs notent qu’ils ont de nouveau totalement foiré les prédictions de tendance. Lorsque le modèle ne fonctionne plus, est-ce que l’on peut se permettre d’en inventer un autre ?

J’en ai un ! La vie est exponentielle. D’un moins que rien, tout peut naître – la singularité peut vite devenir la norme. Les tendances ne fonctionnent, tant soi peu, que lorsque le vaisseau atteint sa vitesse de croisière. Toute autre interprétation est tendancieuse.

Si l’on y réfléchit un peu, une masse d’humains numérotés est composée de petits amalgames sociaux, ce ne sont pas des atomes, mais des grains. On les divise avant de reconstituer la masse à une échelle supérieure, la gagne-pain que l'on appelle la démocratie, mais dans la vérité historique, ces mêmes humains ont eu plutôt tendance à agir en « bandes organisées » qui se cumulent pour passer au prochain rang. Tandis qu'émane de la démocratie une sorte d'absence de structure sociale définie. Selon la rhétorique unitaire, la liberté est absolue parce qu'individuelle, mais dans ce cas, on a une machine à broyer l’humain social. Si l’on y rajoute des portables et des identifiants universels uniques (les « prime keys » des bases de données), on s’est créé un monde où la résilience et l’autonomie sociales sont mortes. L'individu est massifié, son identité, aussi unique qu'elle soit, ne l'est que par rapport aux géants. Si l'on devient obsédé par les catégories sociales, c'est plus comme stigmates qu'en donneuses d'une autonomie quelconque.

Il est assez facile de prédire, à partir de cette analyse, nos comportements actuels, d’apparence autonomes, dans leur réalité plus dépendants que jamais. L'enfant se sent libre, mais est-il observé par un adulte? Ce n’est absolument pas au plus grand nombre de décider – les choix qui lui sont présentés sont infiniment peu divergents des normes en vigueur. La démocratie aménuise et amortit le risque de divergences politiques. Le corps social débat par tête parlante interposée, les têtes sont interchangeables, font une, même dans leur diversité.

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